Obama tête-de-turc

Barack Obama, celui qui dès qu'il apparaît quelque part produit sur les foules un effet digne d'une décharge électrique ( il n'y avait qu'a voir les jeunes étudiants rassemblés vendredi après-midi à Strasbourg pour l'écouter ), n'a que fort peu rompu, quoiqu'on en dise avec la politique hégémonique de ses prédécesseurs qu'ils se nomment Bush père et fils et Clinton.

Actuellement en Turquie, Barack Obama était invité aujourd'hui a prononcer un discours devant le parlement d'Ankara. L'occasion était trop belle de pouvoir enfoncer le clou dans la cheville de l'Union européenne charmée voir obnubilé par le président des États-Unis.

Devant des parlementaires turcs en délire, le nouveau messie planétaire a exprimé son point de vue : " Laissez-moi être clair : les Etats-Unis soutiennent fermement la candidature de la Turquie à l'UE ". Qu'est-ce à dire ? Que si par mégarde, les européens prennent la décision de dire " non " à Ankara, les chasseurs bombardiers de l'US Air Force pourraient faire des opérations ciblées sur Paris ou Berlin ? J'exagère bien sûr...

Selon le président américain il n' y a pas photo : " des siècles d'histoire, de culture et de commerce partagés vous unissent "... Il a raison, mais il oublie de préciser qu'il s'agit de guerres, de tensions incessantes ,de dominations, de tentatives d'invasions continuelles de la part de ce pays d'Asie où domine, même si on nous dit que la Turquie est laïque, la religion musulmane.

Que Barack Obama soit favorable à l'entrée de la Turquie au sein de l'Union européenne n'est pas vraiment surprenant c'est plutôt la réaction ou plutôt non-réaction des européens qui est inquiétante : voila que le dirigeant de la principale puissance mondiale exprime ses intentions de faire adhérer - par la force ? - un pays à une organisation politico-économique d'un continent dit libre et quelles sont les réactions des chefs d'Etats concernés : oui, ben, on verra... tandis que le président de la Commission européenne, le portugais José-Manuel Barroso à carrément poussé des cris de joie aux annonces obamesques : " J'accueille très favorablement les propos très clairs du Président Obama sur cette question ".

Joue tambour, sonne trompette, le chef a parlé !

On me rétorquera aussitôt que je ne dois pas lire les dépêches assez souvent puisque dans le silence pesant des " élites " étoilées bruxelloises , miracle ! , s'est détaché notre président, Nicolas Sarkozy ,qui a dit qu'il n'était pas tellement favorable à la venue des turcs dans le grand bain européen, qu'il préférerait une espèce de PACS avec Ankara. Seulement Nicolas Sarkozy, n'a pas longtemps hésité à accepté que puisse s'ouvrir de nouveaux chapitres concernant l'adhésion et qu'il a a supprimé l’article de la Constitution obligeant à organiser un référendum sur l’adhésion de nouveaux membres, une des rares actions de bon sens de Jacques Chirac !

Clairement, Barack Obama travaille à fonds pour que la vision géostratégique des États-Unis soit celle que les européens doivent suivre coûte que coûte, qu'ils en soient heureux ou pas, qu'ils goûtent aux joies d'accueillir 71 millions de musulmans en plus... Intégrée à l'UE, la Turquie par le biais d'un financement important au niveau des infrastructures et de l'économie deviendrait encore plus une ancre US dans la région cruciale de l'Anatolie qui se trouve au passage entre l'Asie, l'Afrique et l'Europe. Puis en sa qualité de deuxième plus gros contributeur de l'Otan, Ankara, pourrait vite devenir la principale force d'une Europe un peu plus américanisée.

Vous êtes surpris ? Pas moi.

Obama n'est en rien un messie " interplanetaire ", c'est un messie étasunien.