Le rapport Balladur et ses conséquences sur la Franche-Comté

Depuis que l'ancien Premier ministre de feu François Mitterrand , Édouard Balladur a remis son rapport au président de la République concernant la refonte territoriale de la France, les langues se sont déliées, les propos se sont multipliés et les raisons de critiquer un tel projet se sont avancées.

Pour faire bref, le Comité souhaite regrouper des régions, donc d'en supprimer quelques-unes, pour arriver à 15; il veut que certains départements "quittent" leur actuelle région pour en rejoindre d'autres; il voit également la création d'un "Grand Paris" réunissant la capitale et les départements des Hauts-de-Seine, de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne; il estime nécessaire de supprimer les cantons tout en maintenant des "territoires" et ce dans l'objectif de supprimer les conseils généraux et les conseils régionaux qui fusionneraient pour devenir des "conseils territoriaux", enfin, le rapport prévoit la création de onze métropoles régionales...

Sur le fond, il est évident qu'une remise à plat des institutions territoriales de notre pays est nécessaire. Sur un même territoire s'empilent non pas deux collectivités mais trois, quatre et parfois beaucoup plus (dans les DOM par exemple), ce qui à pour résultat de rendre complètement opaque les activités, les compétences et l'utilité des diverses collectivités aux yeux du public qui se demande pourquoi avoir créé tant d'organisme. Mais les propositions faites par la Commission présidée par Édouard Balladur sont sujettes à cautions.

Fusions de régions, "glissements" de départements vers d'autres régions... tout cela semble bien attrayant sur papier glacé mais c'est bien autre chose sur "le terrain", et le moins que l'on puisse dire c'est que Nicolas Sarkozy en demandant à son ancien Premier ministre de lui concocter une nouvelle carte de France à ouvert un nouveau front de résistance, et il n'y aura pas contre-lui uniquement les opposants traditionnels de l'UMP.

Parlons à présent de la fusion programmée par le Comité pour la réformes des collectivités locales de la Franche-Comté et de la Bourgogne. Au regard de l'histoire post-Moyen âge de cette partie de l'Europe occidentale, oui, l'idée n'est pas mauvaise, puisque la région fut bourguignonne durant des siècles avant que les aléas de l'histoire ne les séparent pour faire du comté de Bourgogne la Franche-Comté, possession du Saint-Empire romain germanique.

Tandis que la Bourgogne devenait française sous le règne de Louis XI à la suite de la mort de Charles le Téméraire, la Franche-Comté renforce une autonomie de fait , la province à son propre gouvernement, son propre parlement, lève ses propres impôts, défend par elle-même son territoire, etc. Autonomie qui ne sera démentie que par l'envahissement des armées royales de 1668, et son rattachement forcé à la France par la signature du traité de Nimègue le 10 août 1678.

Depuis les franc-comtois sont des français, ça ne les empêchent nullement de se dire Comtois, tout comme des Bretons se sentent fier d'être Bretons...

D'accord pour une réforme des collectivités territoriales, mais dans le respect des identités locales, des traditions régionales et de l'histoire. Républicain de toute mon âme, je suis cependant fort attaché à certaines particularités locales, comme le respect des langues régionales, et, franchement, je ne vois pas du tout disparaître la Franche-Comté dans une super-Bourgogne parce qu'il faut plaire à la Commission européenne , grande castratrice d'identité nationales ou régionales.