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Le Chenillou
27 avril 2009

Le Québec et le président français

Sarko_Qu_bec

Parfois, les Québécois sont un peu, voir beaucoup agacés de voir le comportement des Français à leur égard. Mes compatriotes cumulent les images qu'on a bien voulu leur inculquer depuis belles-lurettes et, fatalement, ils possèdent de la "belle province" une vision toute faite. On aura fait le tour lorsqu'on dira que pour une majorité de Français, le Québec se conjugue en " neiges et froids éternels ", en "caribous grelottants", en "lacs sur lesquels on pratique le patin" et surtout en "chansons interprétées avec l'accent"...

Le problème dans la connaissance qu'ont les citoyens français du Québec c'est que les médias en général, les télévisions en particulier, ne diffusent que des informations liées soit à l'actualité immédiate (comme la semaine dernière l'arrestation des motards Hells Angels), soit à l'activité culturelle , le problème étant quelle se limite bien souvent à celle des chanteurs et chanteuses. Je n'ai rien, évidemment, à l'encontre des auteurs-interprètes Québécois qui par leurs chansons travaillent à la persistance de la langue française au travers du monde, mais le Québec ce n'est pas que cela.

Il faut remonter au fameux discours prononcé le 24 juillet 1967 depuis le balcon de l'hôtel de ville de Montréal par Charles de Gaulle pour retrouver , officiellement, une voix originale venue de France pour parler du Québec d'une manière autre que celles dont s'évertuent depuis à ressasser les dirigeants hexagonaux. Mais qu'avait donc dit le président français ?

" C'est une immense émotion qui remplit mon cœur en voyant devant moi la ville de Montréal française. Au nom du vieux pays, au nom de la France, je vous salue. Je vous salue de tout mon cœur ! Je vais vous confier un secret que vous ne répèterez pas. Ce soir ici, et tout le long de ma route, je me trouvais dans une atmosphère du même genre que celle de la Libération.

Et tout le long de ma route, outre cela, j'ai constaté quel immense effort de progrès, de développement, et par conséquent d'affranchissement. Vous accomplissez ici et c'est à Montréal qu'il faut que je le dise, parce que, s'il y a au monde une ville exemplaire par ses réussites modernes, c'est la vôtre ! Je dis c'est la vôtre et je me permets d'ajouter c'est la nôtre.

Si vous saviez quelle confiance la France réveillée, après d'immenses épreuves, porte maintenant vers vous. Si vous saviez quelle affection, elle recommence à ressentir pour les Français du Canada.

Et si vous saviez à quel point, elle se sent obligée de concourir à votre marche en avant, à votre progrès ! C'est pourquoi elle a conclu avec le gouvernement du Québec, avec celui de mon ami Johnson  des accords, pour que les Français de part et d'autre de l'Atlantique travaillent ensemble à une même œuvre française.

Et, d'ailleurs, le concours que la France va, tous les jours un peu plus, prêter ici, elle sait bien que vous le lui rendrez, parce que vous êtes en train de vous constituer des élites, des usines, des entreprises, des laboratoires, qui feront l'étonnement de tous et qui, un jour, j'en suis sûr, vous permettront d'aider la France.

Voilà ce que je suis venu vous dire ce soir en ajoutant que j'emporte de cette réunion inouïe de Montréal un souvenir inoubliable. La France entière sait, voit, entend, ce qui se passe ici et je puis vous dire qu'elle en vaudra mieux.

Vive Montréal ! Vive le Québec !

Vive le Québec libre !

Vive le Canada français ! Et vive la France !   "

Qu'ajouter à cela ? Attention, le général de Gaulle lorsqu'il parlait avec émotion et force des " Français du Canada", il s'agissait bien évidemment des francophones : il n'a jamais eu l'idée saugrenue de refaire du Québec une partie de la République Française. En affichant clairement son soutien à une indépendance du Québec, ou du moins, puisqu'il a fallut arrondir les angles avec Ottawa, à l'autonomie complète de cette province , je le rappelle, conquise militairement par l'Angleterre, le général a souhaité resserrer des liens jusque-là distendus par l'histoire.

Depuis, il y aura eu des hauts et des bas avec Québec et en ce moment, c'est rien de le dire, c'est une période de bas. Il n'y a pas si longtemps , début février 2009, le président Sarkozy ne tarissait pas d'éloges envers le Premier ministre fédéral Harper, laissant échapper quelques phrases piquantes en direction des souverainistes du Québec parlant de "sectarisme" et de "l'enfermement sur soi", provoquant, et il y a de quoi, les protestations que l'on imagine. Notre président s'est permis, tout simplement, de s'ingérer dans la question fondamentale qui touche intimement le Canada en expliquant que "le monde n'avait pas besoin de division supplémentaire, mais d'unité"... et Nicolas Sarkozy se dit être l'héritier du gaullisme !

On se souvient bien sûr du " ni ingérence, ni indifférence " d'Alain Peyrefitte, puis du " quel que soit le choix du Québec, la France l'accompagnera ", cette politique de bon sens, compte-tenu des relations internationales a été maintenue jusqu'à l'élection de Jacques Chirac en 1995, là les relations ont commencées à s'éloigner. Avec l'arrivée de Nicolas Sarkozy, patatra, non seulement elles s'éloignent mais elles ont mêmes tendances à se briser.

Mais peut-être que c'était marqué dans un grand livre : avec "l'européanisation" de la France, voulue et accentuée d'une façon totalement démesurée par les dirigeants successifs de l'État depuis Giscard d'Estaing, le Canada " uni " , à l'instar de son voisin du sud, est un exemple. Le Canada n'est-il pas une confédération comme le voudrait-être l'UE ? Sarkozy n'est-il pas devenu un chantre de ce projet européen lui qui aura réussi à faire ratifier par des parlementaires aux ordres une constitution bis pour l'Europe politique, et ce, dans le dos des citoyens qui s'étaient pourtant largement exprimés contre.

On aura compris le discours sarkozyen par rapport à la souveraineté du Québec quand on l'aura mis en parallèle avec le discours européiste.

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