Hier soir sur France 2, y avait match.... sur l'Europe
Lundi c’était ravioli politique sur France 2, la seule chaîne qui ose
encore, Yves Calvi s’en est vanté toute la soirée, parler politique
avant une heure du matin.
Quel plateau pour parler de l’Europe mes
aïeux ! Du lourd, comme on dit, Barnier, Sarnez, Cohn Bendit, Désir,
plus la fine fleur du commentaire politique, de gauche à droite (enfin
c’est une manière de parler) par ordre alphabtique, Alexandre Adler,
Claude Askolovich, Jean Quatremer et Brice Teinturier de la Sofres.
A 22h45, la pelouse était dans un état impeccable et l’arbitre, un certain Yves Calvi, pouvait donner le coup d’envoi.
Quel festival ! Du très beau footbal. Jugez plutôt :
Au coup de sifflet libérateur, Yves Calvi donne le ton de la première mi-temps
: il s’agit de savoir pourquoi les Français ne s’intéressent pas à
l’Europe, et, accessoirement,de savoir si ces vilains ne sont pas en
train de transformer le magnifique scrutin en
un-banal-enjeu-de-politique-intérieure. Car voyez-vous, nos concitoyens
sont si égoïstes, si terre à terre, qu’ils s’inquiètent pour le
chômage, la crise et semblent se moquer comme d’une guigne d’une
Assemblée, qui, comme la racontera bien l’avant centre gauche Harlem
Désir, peut passer trois heures à débattre de la taille d’écartement
des rétroviseurs sur les cinq tonnes.
A la cinquième minute, Michel Barnier emmène tout le monde sur l’aile gauche en proclamant : «Nous à l’UMP on a dépassé le clivage entre le oui et le non.»
En effet, Rama Yade, stigmatisée comme souvernainiste (infiltrée ?), a
voté non en 2005. D’un tir superbe, le chef de l’UMP, que l’on aurait
cru plus utile à gérer la question du lait (mais ça, personne ne le lui
a dit) a affirmé que « la crise montre qu’il faut être tous ensemble »
(Ouais, ouais, tous ensemble tous ensemble !)
Mais comme il l’a dit quatre fois dans la soirée, on va s’intéresser à d’autres phases du jeu.
A la quinzième minute, Dany Cohn Bendit prend la balle et se lance dans une série de jongleries au milieu du terrain, dont il ressort que les gens ne comprennent rien à l’Europe parce que les politiques et les médias n’en parlent pas assez.
Sans
doute influencé par une conversation téléphonique avec son frère
Gabriel, un adepte de la « secte pédagogiste » Montessori, Dany n’a
plus que le mot pédagogie à la bouche, qui sied magnifiquement à sa
chevelure grise.
Yves Calvi reprend la balle au bond et interpelle alors Marielle Sarnez
: « Les élections doivent-elles servir à sanctionner Nicolas Sarkozy ?
Le livre de Bayrou ne devait-il pas être édité à un autre moment ?»
(Vas-y c’est bon là coco, tu l’as dit bouffi, on dirait presque du
Alain Duhamel)
La représentante du Modem s’en défend. Qui pourrait
douter de l’engagement européen de sa formation ? Mais elle rétorque
que le débat européen oppose les partisans de la république à ceux de
la société néolibérale (enfin elle n’a pas prononcé le mot mais on l’a
compris).
Brice Tenturier, distributeur de jeu racé portant le maillot de la Sofres, intervient alors
– nous sommes déjà à la 38° minute - pour donner une analyse en quatre
points (Duhamel, lui fait ses analyses en trois points, c’est la
différence entre un expert et un journaliste). Il constate notamment le
manque de « traçabilité » des listes (ah bon, comme le bœuf ?), le
déficit démocratique (alors là tu m’intéresse). Et là, le malheureux
s’emmêle les pinceaux et expédie le ballon… dans les filets de son
équipe en expliquant que les électeurs, qui ont voté non au référendum
sur le TCE en 2005, se demandent si voter sert encore à quelque chose
puisque l’on est passé par le Parlement pour faire adopter ce qu’ils
ont refusé par référendum. Il ajoute ensuite que les électeurs
connaissent le Parlement européen depuis trente ans et que l’abstention
ne cesse de monter, et qu’il ne s’agit donc pas de « pédagogie » comme
le prétendait Daniel Cohn-Bendit. Mais tout le monde a fait comme si la
question était hors sujet.
Calvi en a profité pour siffler la mit-temps et appeler un premier coupeur de citrons, Nicolas Dupont-Aignan.
Ce dernier s’est propulsé à l’avant et a enchaîné une série de
dribbles. Au lieu de se défendre, Cohn-Bendit pouffe de rire : il ne va
quand même pas s'abaisser à lutter contre un joueur souverainiste qui
ne pèse même pas 2% des voix à la Sofres, non ? Un silence consterné a
accueilli les propos du jeune footballeur. Barnier s’est cru en train
de regarder Good Bye Lénine…
Plus lyrique, Asko, comme on dit dans la tribune du Kop,
ose une comparaison entre les révolutionnaires des Etats Généraux de
1789 et les députés européens qui doivent renverser la Commission et
devenir les révolutionnaires du XXI° siècle. La joueuse de Lutte
ouvrière Nathalie Arthaud s’impatientait dans les vestiaires.
Alexandre Adler crache le morceau : « même
en cas de raz-de-marée socialiste, les deux grands partis PPE et PSE
continueront à s’entendre. Les jeux sont déjà faits, Barroso sera
président. »
Jean Quatremer venait alors au secours de Adler en rappelant que les députés européens du PS et de l’UMP votaient ensemble dans 70% des cas.
Harlem
Désir en pleurait de rage dans le rond central. Il était temps de
conclure le match : il n’y avait plus qu’une seule équipe sur le
terrain, celle des partisans du oui au Traité constitutionnel européen.
C’était pareil en 2005. Ce qui ne l’a pas empêché d’encaisser une
sévère défaite. Mais là, sans adversaire déclaré dans les urnes (ou si
peu), il n’y a pas vraiment de risque…Bah, rendez-vous en 2014, il y
aura peut-être un vrai débat. Et Daniel Cohn Bendit sera enfin à la
retraite....