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Le Chenillou
6 juin 2009

Crash social à Airbus

A330Par Jean-Pierre Martin , le 2 juin 2009

Le mystère plane encore : que sont devenus les milliers de salariés d'Airbus et ses centaines de sous-traitants?

Il est 4h14 lundi, quand la direction d'Airbus remarque leur disparition des écrans de contrôle. Immédiatement l'alerte est lancée, mais rien n'y fait, le contact radio ne sera jamais rétabli : "On a d'abord cru à une panne de réveil, ou alors à une confusion. Vous savez, le lundi de Pentecôte, on ne sait plus trop s'il est férié ou non" témoigne ce cadre de la société. Mais les heures avançant, il faut se rendre à la tragique évidence. Et c'est en début d'après-midi que le PDG Thomas Enders annonce la triste nouvelle : "Il n'y a plus d'espoir. Les salariés disparus ont de toute évidence été licenciés. Quant aux sous-traitants, ils ont dû fermer, victimes des délocalisations".

Quel est l'improbable scénario qui a conduit au drame? Du côté de la direction d'Airbus, on écarte la possibilité d'une erreur humaine de gestion : "La thèse privilégiée est celle de la crise conjuguée à des difficultés conjoncturelles. Il est possible que la baisse du dollar, des coûts en forte hausse ait fragilisé la carlingue et que la crise ait fait perdre le contrôle au pilote". Du côté des syndicats, le ton est bien différent. Pour eux, tout est la faute du plan de restructuration Power 8 : "Cette catastrophe sociale était programmée cyniquement par la direction. Suppression de postes, filialisation, délocalisation de la sous-traitance, tout était planifié. Il s'agit d'un attentat social. Surtout dans une boîte qui fait des bénéfices". Les experts quant à eux sont catégoriques : il est impossible que la direction d'Airbus soit responsable de ce désastre. Un constat partagé par le gouvernement. Nicolas Sarkozy, qui a interrompu son week-end sur la riviera pour venir soutenir les familles des victimes, a déclaré qu'il n'y avait "aucun élément précis sur ce qui s'est passé" et que les "perspectives de retrouver des salariés en CDI étaient très faibles".

Depuis c'est l'emballement médiatique. Le Parisien publie à sa une les visages de quelques-uns des milliers de salariés sacrifiés, tandis que la télévision et la radio consacrent des heures d'antenne au drame du chômage. Car si le pire était confirmé, il pourrait s'agir d'une des plus grandes catastrophes sociales en France, qui essuie par ailleurs une incroyable série noire. Notre pays paye en effet un lourd tribut aux intempéries, puisque la crise a aussi foudroyé de nombreux autres salariés, tels ceux de Continental ou Arcelor. Une succession de drames qui pourrait faire douter de notre défense nationale. Pourtant, tous les experts s'accordent à dire que "les systèmes de protection sociale ne sont pas en cause. Ces salariés étaient très bien protégés, peut être même trop. On peut même penser que la lourdeur du code du travail a été un handicap. Trop de sécurité s'avère inefficace". François Fillon s'est d'ailleurs engagé à continuer les efforts de simplification du code du travail.

Malgré tout, le mystère reste entier. Comment le fleuron de l'industrie européenne a pu perdre autant salariés et de sous-traitants? Tant que les boîtes noires qui enregistrent les débats du conseil d'administration n'auront pas été retrouvées, toutes les spéculations seront possibles. Même les plus fantaisistes, qui voient derrière tout cela la marque du terrorisme financier. Des rumeurs font d'ailleurs état d'une vente de stock-options la veille du drame de la part de cadres dirigeants d'EADS. Le nom d'Arnaud Lagardère est même sussuré. Le patron d'EADS a réagi immédiatement à ces allégations mensongères, en confirmant au micro de RTL la vente de ses options, mais en réfutant clairement le délit d'initié : "Je n'ai aucune espèce d'idées de ce qui se passe dans les usines. Je préfère passer pour un incompétent que pour un terroriste".

Si la piste terroriste devait être approfondie, le ministère de l'Intérieur a déjà un oeil sur l'ultra-gauche mouvance anarcho-autonome. Julien Coupat étant libre (et ayant passé des vacances au camping municipal de Toulouse en 1983 avec son tonton Jeannot), il serait de facto le suspect numéro 1.

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