Le voile “librement consenti” bientôt de retour dans nos écoles ?
Par Antidote le 6 juin 2009
Assistant au point-presse des deux présidents, américain et français,
devant mon poste, j’attendais avec impatience qu’un journaliste les
interroge sur la loi d’interdiction des signes religieux à l’Ecole,
faisant suite au discours de Barack Obama au Caire. C’est Arnaud
Parmentier, journaliste au Monde, qui s’en est chargé.
Comme je l’ai écrit hier, la réponse du Président américain m’importait peu1.
C’est évidemment celle de Nicolas Sarkozy qui m’intéressait au vu des
positions antérieures qu’il avait portées et que j’ai exposées hier, à
savoir son opposition farouche à voir le Parlement légiférer sur le
sujet.
Ayant échoué dans cette entreprise et observé que cette loi rencontrait un véritable succès en terme d’efficacité2, on pouvait légitimement attendre, en tant que citoyens, à ce que le Président de la République défende la Loi de celle-ci.
Tel ne fut pas le cas puisque Nicolas Sarkozy a seulement assumé l’interdiction pour un fonctionnaire, au guichet de l’administration, de porter un signe religieux ostensible. Pour le reste, il se disait en accord avec Barack Obama, qui venait de rappeler son attachement à la totale liberté d’expression religieuse, à la condition, ajoutait-il, que le port du voile soit librement consenti et non le fruit de l’environnement des jeunes filles. D’interdiction dans les écoles, il ne fut donc pas question.
Dès lors, on peut se poser une question bien légitime : Nicolas Sarkozy a t-il réellement l’intention de mettre ses convictions, toujours intactes sur le sujet, dans la Loi et donc d’abroger celle qu’il combattait en 2004 ? Si c’est le cas, on aurait préféré qu’il réservât cette annonce aux Français, si possible avant les élections présidentielles, et pas dans une conférence de presse commune avec le Président des Etats-Unis. Si tel n’est pas le cas, il vient de porter un grave coup à l’Autorité de la Loi. Qui va désormais empêcher des jeunes filles musulmanes de se prévaloir des paroles présidentielles en affirmant que c’est avec leur total consentement qu’elle viennent ainsi recouvertes sur les bancs de leurs écoles ?