Doublé libéral aux élections partielles
Par Canoë le 22 juin 2009
Les
libéraux de Jean Charest sortent vainqueurs des élections
complémentaires tenues lundi, malgré une session parlementaire marquée
par le retour aux déficits et plusieurs controverses.
L'ex-maire Jean D'Amour a arraché la victoire dans le fief
adéquiste de Rivière-du-Loup, alors que l'ex-économiste en chef de la
Banque Nationale du Canada, Clément Gignac, a permis au Parti libéral
du Québec de conserver sans surprise le bastion montréalais de
Marguerite-Bourgeoys.
«Je veux une voix forte sur le plan économique, je veux Clément
Gignac dans mon équipe, et je veux aussi Jean D'Amour, une voix forte
pour les régions du Québec», a lancé un Jean Charest tout sourire, qui
triomphait lundi en soirée.
La défaite du Parti québécois dans la circonscription du Bas
Saint-Laurent constitue un dur coup pour la chef péquiste Pauline
Marois, qui comptait pourtant sur le populaire candidat et ex-député
bloquiste Paul Crête.
Même s'il a placé le gouvernement libéral sur la défensive
durant la session parlementaire, en l'attaquant sur les questions
éthiques, les pertes de la Caisse de dépôt, les fonds d'investissement
FIER et la crise des tests du cancer du sein, le PQ n'a pas réussi à
capitaliser sur ces attaques et remporter la victoire dans cette
circonscription francophone.
L'ancien maire de Rivière-du-Loup détenait une majorité de plus
de 2100 voix, avec 47 pour cent du suffrage exprimé à 23h25, contre
36,25 pour cent pour Paul Crête.
M. D'Amour, qui a reconnu sa culpabilité à une accusation de
conduite avec les facultés affaiblies cette année et qui fait l'objet
d'une enquête du commissaire au lobbyisme, devient donc député libéral,
à sa troisième tentative.
Le président du PLQ avait échoué par deux fois en affrontant le
chef adéquiste Mario Dumont, qui a remis sa démission en mars dernier,
après avoir représenté la circonscription depuis 1994.
En reconstruction depuis le départ de M. Dumont, l'ADQ a
terminé en troisième position avec seulement moins de 15 pour cent
d'appuis dans Rivière-du-Loup. Aux élections générales de l'automne
2008, M. Dumont avait obtenu plus de 50 pour cent des voix.
Pour sa part, Clément Gignac a remporté une victoire sans
surprise avec près de 6000 voix de majorité, bien qu'il soit déjà
plongé dans la controverse en raison de sa position sur la création
d'une commission nationale des valeurs mobilières.
Il a facilement devancé son adversaire péquiste, Christine
Normandin, et permis au Parti libéral du Québec de conserver
Marguerite-Bourgeoys, «rouge» depuis sa création en 1966.
M. Gignac, âgé de 54 ans, accédera selon toute vraisemblance au conseil des ministres dès cette semaine.
Des rumeurs insistantes font état de son assermentation et d'un remaniement ministériel mardi, à Québec.
M. Gignac pourrait notamment se voir confier le ministère du
Développement économique, actuellement sous la responsabilité de
Raymond Bachand, qui est aussi ministre des Finances depuis le départ à
la retraite de Monique Jérôme-Forget.
C'est justement la démission de Mme Jérôme-Forget, le printemps
dernier, qui a provoqué la tenue d'une élection complémentaire dans
Marguerite-Bourgeoys.
Clément Gignac a occupé des fonctions de haut niveau à la
Banque Nationale à compter de 1988, avant de devenir conseiller au
ministère fédéral des Finances en novembre 2008.
À peine élu, le nouveau député se retrouve dans une position délicate.
M. Gignac, en mai 2006, avait confié à La Presse qu'il voyait
d'un bon oeil la mise sur pied éventuelle d'une commission nationale
des valeurs mobilières, que dénonce pourtant le premier ministre Jean
Charest.
Il a par la suite agi à titre de conseiller lors de
l'élaboration du plus récent budget fédéral de Jim Flaherty, qui a
lancé lundi le processus devant mener à l'implantation d'une telle
commission.
Questionné à ce sujet lundi, le ministre des Finances et du
Développement économique, Raymond Bachand, a soutenu que son nouveau
collègue se rangerait sans difficulté derrière la position du
gouvernement du Québec.
«M. Gignac va être pleinement en accord avec nous», a indiqué
M. Bachand, selon qui le gouvernement fédéral rêvait d'une commission
nationale bien avant d'avoir embauché le réputé économiste.
«Ce n'est pas lui le concepteur ou le proposeur de ça», a-t-il ajouté, en entrevue téléphonique à La Presse Canadienne.