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Le Chenillou
4 août 2009

Villiers, Villepin…et nous

Villiers95Par Antidote le 4 août 2009

Philippe de Villiers se prépare donc à officialiser ce qui est clair pour tous ceux qui suivent attentivement la chose politique, et en particulier les lecteurs assidus de ce carnet. En acceptant d’entrer dans le très peu célèbre comité de liaison de la majorité présidentielle1, le président du Mouvement Pour la France lance le message suivant à son électorat : je retourne dans la “famille”, un peu comme Nicolas Sarkozy lorsqu’il revient dans le commandement intégré de l’OTAN.

Villiers avait déjà annoncé la couleur lorsqu’il se disait “flotteur droit de la majorité”. Sa campagne européenne lui avait certes rendu quelques velléités d’indépendance et, donc, permis de lancer quelques attaques contre la duplicité sarkozyenne en matière européenne. Mais cela ne trompait pas ceux qui, même au sein de ses proches, voyaient venir le nouveau pas de danse de l’ancien héraut souverainiste. L’adhésion à l’association euro-atlantique Libertas ne venait pas davantage contredire les inquiets.

Villiers rejoindrait la maison Sarko, selon les commentateurs de la presse internet et radiophonique, parce qu’il a compris qu’il avait construit ses plus beaux succès à l’intérieur de la majorité et connu ses plus grands échecs à l’extérieur. Ce n’est pas faux. Mais il faut aller plus loin. Et évoquer l’injustice du financement de la vie politique, qui donne tout -ou presque- aux partis établis et ne donne rien aux forces alternatives mais jamais, de ce fait, émergentes2. Il ne faudrait pas non plus passer sous silence les changements de pied incessants du lideur souverainiste, et donc sa propre responsabilité, qui est passé en dix ans de la stratégie “Vieille France” chère à Thierry de la Perrière à celle, libérale-atlantiste de Jérôme Rivière en passant par celle, très “choc des civilisations”, du couple ex-frontiste Peltier-Bompard. Il y a de quoi perdre des militants en route.

Mais j’entends déjà une amie me conseiller aimablement, avec son accent bien connu sur la Canebière, de balayer devant ma porte, ou plus exactement celle de Debout la République. Et comme je ne déteste pas l’autocritique, chère H.3, allons-y ! Certes, le score des listes emmenées par Nicolas Dupont-Aignan ne fut pas folichon, au point de se trouver même en deça de celles de Philippe de Villiers pourtant bien handicapées pour toutes les raisons citées plus haut. Mais, reconnaissons qu’il s’agissait du premier bain dans une campagne pour ce petit parti, encore moins fortuné. Certes, on voit ici et là poindre certains rapprochements avec Dominique de Villepin. Et bien, soit, expliquons nous sur une éventuelle alliance NDA-Villepin. Je n’y suis pas opposé, à condition de savoir à quel Villepin nous avons à faire. Si c’est le Villepin du patriotisme économique, celui qui rencontrait Todd pour réfléchir à la mise en place d’un protectionnisme européen, celui qui incarne le refus de l’alignement occidentaliste, je n’y verrais aucun inconvénient. Si, en revanche, il s’agit du Villepin qui, flanqué de Goulard et Mariton, privatise les autoroutes, est obsédé par le coût du travail ou fusionne EDF et Suez, cela sera sans moi. Autant, alors, que NDA et Villepin aillent ensemble renforcer le MoDem dans un parti entièrement basé sur l’anti-sarkozysme, ce serait plus clair pour tout le monde, et sans doute plus efficace. Mais cela n’est pas avec cela qu’on fera renaître un mouvement gaulliste.

Et puis, il y a Clearstream. Tant que Villepin ne sera pas libéré de cette affaire, aucun avenir n’est possible pour lui, ni bien sûr pour d’éventuels alliés. J’entends alors que l’autre alternative à Sarko serait Copé, et on me souffle que les relations de NDA avec ce dernier seraient plutôt cordiales. Là, je crie casse-cou. Jouer Copé contre Sarko ? Il faudra vraiment tout le talent de NDA pour m’expliquer en quoi le premier serait préférable au second. Et aussi grand soit-il, je ne suis pas certain qu’il suffise.

On le voit, la question de la stratégie reste entière. Villiers l’a tranchée, même si cela apparaît au plus mauvais moment, celui où Sarkozy semble décidé de continuer l’ouverture à gauche et à préparer une campagne plutôt sociale-démocrate destinée à étouffer le Parti Socialiste.  Nous aurons aussi à trancher. Ce n’est pas aisé. Mais faisons le rapidement. Car d’autres, plus à droite, l’ont déjà fait et reprendront tôt au tard du poil de la bête comme Hénin-Beaumont nous l’a montré de manière si limpide.

  1. Présidé par le truculent Jean-Claude Gaudin. Et il faut effectivement que cela trucule quand on regroupe autour de l’UMP les partis de Jean-Marie Bockel et de Hervé Morin
  2. Je ne me lasse pas de répéter le mot de William Abitbol :”la tombola pour les organisateurs de la tombola”
  3. Certains habitués la reconnaîtront, mais je ne suis pas disposé à lancer son nom sur la plaque publique. On me comprendra.

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