Vive la Halde, le super délégué syndical de la France
Par Bénédicte Charles, Marianne 2 , le 15 Mai 2009
La Halde vient de rendre son rapport annuel.
Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle était attendue au tournant.
Que reproche-t-on à la Haute autorité de lutte contre les
discriminations et pour l’égalité ? D’être, dans le meilleur des cas,
un gadget tout juste bon à pondre des études ridicules comme cette enquête sur « la place des stéréotypes et des discriminations dans les manuels et les programmes scolaires » publiée en novembre 2008 (et dont on rit encore). De dépenser beaucoup d’argent pour pas grand chose, comme dans le cas de son testing géant complètement raté.
De jouer le rôle d’un Sos-Racisme bis, centré sur les questions
raciales au mépris des autres victimes de discriminations (au premier
rang desquelles les handicapés). D’avoir pour seul rôle d’assurer la
promotion en amont d’une future politique de discrimination positive.
Autant
de griefs qui ont sans doute été justifiés, mais que la lecture du
rapport d’activité pour 2008 de la Haute autorité vient invalider.
L’an
dernier, la Halde a recueilli 7788 réclamations, soit 25% de plus que
l’année précédente. Parmi elles, 29% concernaient l’origine. 21% le
handicap et l’état de santé, 7% l’âge, 5% les activités syndicales, 4%
le sexe, 3% la situation de famille, 3% l’orientation sexuelle, 2% les
convictions religieuses, 2% l’apparence physique, 2% la grossesse, 1%
les opinions politiques. 21% ne relevaient pas de la compétence de la
Halde. 50% des dossiers traités par la Halde concernent donc des
affaires qui n’ont rien à voir avec l’origine ethnique.
L’activité de la Halde suit la même tendance. En 2008, la Haute autorité a obtenu des avancées qui n’ont rien de gadgets.
Ainsi
de la suppression des limites d’âge à l’embauche chez Edf-Gdf et pour
les infirmières du secteur public. De même, les mises à la retraite
d’office sans justification avant 635 ans sont maintenant considérées
comme discriminatoires.
Le domaine de l’emploi représentant
50% des réclamations, c’est à lui que la Halde a consacré l’essentiel
de son activité. Elle a permis à des salariés d’obtenir réparation
devant les prud’hommes des préjudices subis en raison de leur
grossesse, de leurs activités syndicales, de leur état de santé…
Bref,
la Halde a joué le rôle de méga délégué syndical. Là où naguère, un
salarié se serait empressé d’adhérer à un syndicat et de demander aide
et assistance à son délégué, aujourd’hui il saisit la Halde.
Qu’en pensent la CGT, la CFDT, FO, etc. ? Considèrent-ils cela comme une discrimination ? Vont-ils à leur tour saisir la Halde ?