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Le Chenillou
7 août 2009

Cambronne, reviens !

Cambronne

Par Antidote  le 6 août 2009

Trois faits d’actualité illustrent particulièrement la lâcheté du gouvernement1 et son incapacité -ou son manque de volonté- à exercer ses responsabilités.

Les subventions agricoles à rembourser, d’abord. On nous fait croire que ces aides, qui sont nationales, doivent être remboursées par les bénéficiaires en vertu de décisions européennes. Il ne s’agit même pas de subventions communautaires et notre gouvernement serait contraint de réclamer pour son budget, pourtant florissant comme chacun sait, les sommes ainsi indûment versées ? Vaste blague ! Si le ministre de l’agriculture, ni celui des finances, ne réclame  jamais le pognon, il se passe quoi ? Barroso nous envoie l’armée ? Mais il n’y a pas d’armée européenne. Et finalement, rien que pour ça, tant mieux ! Quand on est dans un ensemble européen, on doit en respecter les règles, me rappellera t-on. Tu parles ! Et le pacte de stabilité, sur lequel tout le monde s’assoit, on en respecte les règles ? Il suffit d’un coup de fil de Sarkozy à Merkel comme auparavant de Chirac à Schröder pour qu’on le passe par pertes et profits.

Même chose pour le cabotage routier. Dominique Bussereau nous fait croire qu’il a lutté pour l’empêcher et qu’il a bien défendu les intérêts des transporteurs français, lésés par cette autorisation qui permettrait à des routiers estoniens, polonais ou slovaques2, tous payés au lance-pierre, d’effectuer un transport intérieur dans un autre pays, comme la France. Il a demandé, paraît-il, aux autorités bruxelloises l’autorisation de faire jouer la clause de sauvegarde. Mais à quoi sert donc une clause de sauvegarde si on doit demander l’autorisation de l’utiliser ? Lorsqu’on a fait jouer cette dernière en 1998 pour la coupe du monde afin d’empêcher, au mépris de Schengen, certains supporteurs britanniques de venir sur notre territoire, on a demandé l’autorisation ? Quand on veut vraiment défendre les intérêts de son pays, on fait jouer la clause, et après on discute.

L’Europe est souvent un bouc-émissaire. Vous m’avez bien lu. Non, je ne me suis pas converti à l’euro-fédéralisme. Qu’on se rassure. Je veux simplement dire que, très souvent, il est bien commode pour nos politiciens de faire passer ce qu’ils désirent pour des obligations européennes. Certes, Bruxelles promeut ce moins-disant social, cette obsession du marché sans entrave mais nos gouvernements y sont aussi favorables en silence et ils n’ont pas le courage de l’assumer devant leurs électeurs. Alors, Bruxelles, c’est un coupable idéal. Ils pourraient très bien envoyer Barroso se faire voir. C’est tout à fait possible. Avec son charisme de bigorneau, il nous ferait quoi ?

Mais il n’y a pas que l’Europe. Voyons cette histoire de milliard provisionné par BNP-Paribas en vue de bonus pour leurs traideurs. Fillon a convoqué les dirigeants de la banque pour les gronder. Comédie. Le banquier, lui, se retranche derrière les décisions du G20, qui n’ont, en la matière, pas abouti à grand chose. Mais si le gouvernement voulait, il voterait en septembre prochain dans sa loi de finances, un taux confiscatoire sur les bonus accordés aux courtiers, au moins tant que les sommes accordées l’an dernier aux banques ne sont pas intégralement remboursées. Il paraît qu’on perdrait nos meilleurs éléments, qu’il y aurait une fuite de plein de petits Kerviel vers les Etats-Unis et la City. C’est vrai qu’une telle perspective fait froid dans le dos… Eric Woerth préfère cibler les gendarmes qui spolient le contribuable en habitant, ces salauds de privilégiés, de luxueux appartements de fonction.

Il paraît que nous avons un président volontariste. Qui refuse la fatalité. Qui s’est fait élire sur l’idée qu’il exercerait pleinement ses responsabilités. En fait, nous avons seulement un faussaire qui fait croire qu’il comprend l’exaspération mais qui continue, et continuera encore en la matière, la même non-politique que nous subissons depuis deux ou trois décennies.

  1. Lequel, d’ailleurs, n’est pas plus fautif que ses prédécesseurs en la matière
  2. Quatre autres pays sont concernés : la Lituanie, la Lettonie, la République Tchèque et la Hongrie
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