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Le Chenillou
15 juillet 2009

PS : la maîtresse a ses têtes

Aubry_1Par Antidote  le 15 juillet 2009

Malheureusement, Martine Aubry ne me lit pas. Si elle avait lu mon dernier billet consacré à son parti, elle n’aurait pas écrit à Manuel Valls en lui posant un ultimatum hier.

Le député-maire d’Evry ne ménage effectivement pas sa peine effectivement pour critiquer son parti, dénoncer son anti-sarkozysme primaire, et même réclamer l’abandon du terme “socialiste”. Mais comme critiquer la maison socialiste est un sport fort pratiqué ces temps-ci par tous ses habitants, on peut effectivement se demander, devant l’oukaze de “Titine”1 : pourquoi lui ? Pierre Moscovici n’est guère plus tendre avec la rue de Solférino lorsqu’il parle de “parti vermoulu”. Quant à Ségolène Royal…

Devant toutes les ambitions et les écuries présidentielles qui se multiplient, elle aurait choisi de menacer celui dont le nom sortirait du chapeau devant un huissier du VIIe arrondissement appelé à la hâte ? Certainement pas. Le choix de Manuel Valls n’est pas dû au hasard. Martine Aubry, en ciblant le jeune ambitieux francilien, ne joue pas l’équipe, mais sa propre carte.

Si elle avait visé Pierre Moscovici, elle fragilisait sa position puisque l’autre snaillepeur fait partie de sa majorité à Reims. Si elle attaque Ségolène Royal, elle rallume la guerre des dames et valorise sa concurrente la plus coriace. Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’il fallait qu’elle attaque une personnalité classée à la droite du parti. Moscovici et Royal exclus pour les raisons qu’on vient de préciser, il ne restait que Manuel Valls.

Car Martine Aubry doit continuer de faire perdurer l’illusion de son positionnement à la gauche du parti socialiste. Et pour cela, quoi de mieux que d’attaquer une personnalité qui assume son positionnement à l’aile droite ? Illusion parce que bien qu’élue sur le refus de l’alliance avec le MoDem2, bien que Philippe Alexandre lui ait forgé dans sa “dame des trente-cinq heures” une image de tenante de la gauche “archaïque”, Martine Aubry est aussi à droite que Manuel Valls, Pierre Moscovici ou Ségolène Royal sur les sujets économiques et sociaux. Elle tient autant qu’eux, sinon davantage, au carcan imposé par L’OMC et Bruxelles, refusant de toutes ses forces le protectionnisme. Jean-Luc Mélenchon, d’ailleurs, ne s’y est pas trompé en l’envoyant joliment balader l’autre jour. La Gauche du parti pointe son nez. C’est elle qui tient Martine Aubry à bout de bras. Fabius et Hamon pourraient bien décider un jour qu’Aubry ne leur est plus utile. Si elle attaque Valls, c’est surtout pour ne pas se faire exécuter prochainement par ces deux là. Elle tente donc de les supplanter complètement. L’un a un côté “has-been”, l’autre est sans doute trop jeune pour penser à la présidentielle prochaine. De toute manière, l’aile droite est non seulement minoritaire parmi les adhérents et sympathisants, mais elle est davantage embouteillée par les candidatures à la candidature. C’est avec une image gauchie qu’Aubry pense s’imposer et pas autrement. Sauf que.

Sauf qu’un jour, il faudra bien passer aux propositions. On l’a bien vu ces dernières semaines lors des élections européennes, Martine Aubry a bien du mal de s’affranchir de ses réflexes naturels, européistes et libre-échangistes. Et tout porte à penser qu’elle ne s’en affranchira jamais. Sa stratégie personnelle ne sert en fait que les barons locaux qui sont ravis à l’idée que le PS ne perce jamais ses abcès idéologiques et que n’aboutisse jamais la nécessaire recomposition de la gauche qui passe par l’éclatement du PS en deux blocs homogènes. Le hara-kiri se poursuit mais le Samouraï n’est pas bien doué.

  1. “Arrête tes attaques ou pars
  2. Alors qu’elle la pratique à Lille, comme lui faisait justement remarquer son adversaire poitevine au congrès de Reims

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