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Le Chenillou
2 mai 2009

Révolution : Villepin doit d’abord faire la sienne

VillepinPar Antidote le 2 mai 2009

Dominique de Villepin n’a pas lésiné. Maintenant qu’il sait que Nicolas Sarkozy veut sa mort politique1, maintenant qu’il semble complètement décidé de ne plus être la souris à moitié morte entre les coussinets du matou Sarko, il a lancé deux pavés dans la mare médiatique la semaine dernière en jugeant, d’une part, pré-révolutionnaire la situation de notre pays et en annonçant, d’autre part, qu’il n’écartait pas l’idée d’une candidature à l’élection présidentielle de 20122

Pour être candidat à cette élection, Dominique de Villepin a besoin de la conjonction de trois éléments. D’abord, il a effectivement besoin d’une situation intenable pour l’actuel président de la République, situation qui mettrait en avant son expérience, sa dimension internationale, sa sagesse, toutes qualités qu’il pense cumuler et dont il est persuadé que les Français les associent à sa personnalité. C’est la raison de sa sortie sur la situation “pré-révolutionnaire”. Ensuite, il lui faut une crédibilité retrouvée et, enfin, un espace politique.

Actuellement, Dominique de Villepin n’a guère trouvé comme espace que l’anti-sarkozysme. Convenons que le créneau est bien embouteillé. Identifié comme chiraquien et donc libéral davantage tiède que Sarkozy, oui-ouiste sur la constitution européenne, il occupe peu ou prou l’espace vampirisé par François Bayrou. C’est d’autant plus le cas que ce dernier s’est dernièrement mué en défenseur de l’héritage gaullien à l’occasion du débat sur le retour dans le commandement intégré de l’OTAN. Il va de soi qu’il part avec plusieurs longueurs de retard sur le chef du MoDem. L’espace est donc ailleurs. Et il a déjà manqué de le tutoyer pendant l’hiver qui précédait l’élection présidentielle de 2007. C’est Emmanuel Todd qui fit cette confidence : Dominique de Villepin, alors premier ministre, le rencontra ainsi qu’Hakim El Karoui, théoricien du protectionnisme européen, pour explorer les voies d’une candidature présidentielle sur ce thème. Chirac, d’après Todd, l’aurait dissuadé. Or c’est justement sur ce thème qu’a décidé de faire campagne Nicolas Dupont-Aignan en présentant ses listes DEBOUT LA REPUBLIQUE aux élections européennes. Il ne serait sans doute pas inutile pour Villepin de donner un coup de pouce salutaire à NDA par un mot, une phrase, laissant entendre que l’action de ce dernier ne le laisse pas indifférent. Cela aurait l’avantage de mettre en lumière un parti -jeune- qui ne l’est guère et les progrès dans les sondages qui s’ensuivraient pourraient lui être crédités. Cet espace, gaullien plutôt que souverainiste, lui sied davantage. Et s’il a du retard sur Bayrou, il a plutôt de l’avance sur Dupont-Aignan. Cette mue ne peut toutefois réussir qu’à la condition de clarifier son engagement et donc de renforcer sa crédibilité.

Car Villepin a été un chef de gouvernement qui a privatisé les autoroutes, initié le Contrat Premier Embaûche et dont les principaux soutiens à l’Assemblée Nationale sont Hervé Mariton et François Goulard, libéraux bon teint. Afin de réussir sa mue, il doit regretter publiquement ces mesures et se défaire de ces encombrants alliés. Dans le cas contraire, il ne serait pas crédible. En a t-il la capacité ? Je n’oublie pas qu’il fut de ceux qui firent campagne pour le Oui au réferendum de 2005 avec des arguments du genre :“l’anniversaire de la libération des camps de la mort, pouvons-nous dire non à l’Europe” ? 3 Pitoyable ! Il doit aussi écouter. Ceux qui sont élus et qui ont davantage d’expérience du terrain que lui peuvent lui apporter beaucoup. La stratégie politique n’a jamais été son fort. On se souvient qu’il fut à l’origine de la dissolution de 1997. Et la façon dont il se complut à être le jouet de Nicolas Sarkozy l’été dernier ne plaide pas non plus en sa faveur. Sa crédibilité dépend bien entendu aussi, et surtout, de son avenir judiciaire. L’issue mais aussi la date de son futur procès conditionnent évidemment sa présence à la prochaine élection présidentielle et a fortiori un succès.

Villepin n’a donc pas toutes les cartes en main mais il en possède certaines. Saura t-il jouer les bonnes ?

  1. Il en aura mis du temps !
  2. Ou avant si les évènements révolutionnaires qu’il pressent venaient à bouleverser le calendrier
  3. Expression employée par DDV lui-même dans l’émission d’Arlette Chabod

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