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Le Chenillou
25 mai 2009

Lettre ouverte à Carla B.

Sarko_Carla

Par Fergus, Agoravox , le 25 mai 2009

Chère Carla,

Peut-être serez-vous surprise que je me permette de vous appeler ainsi car nous n’avons pas, loin s’en faut, fréquenté les mêmes pince-fesses, dégusté ensemble les mêmes grands crus bordelais ou fait de la bronzette sur les ponts d’acajou des mêmes yachts. Mais reconnaissez-le, depuis de longues années, vous avez tout fait pour pénétrer dans nos foyers par le biais du petit écran ou de la presse people. Tout fait pour dévoiler votre corps, pour mettre à nu vos états d’âme, pour exposer vos bonnes fortunes amoureuses (il paraît que vous avez sacrément « rôti le balai », comme disaient nos grands-mères). Forcément, tout cela crée des liens. D’où ma familiarité.

Encore que je doive à la vérité de dire que je ne vous connaissais pas avant le début de votre carrière musicale. Et pour cause : le manequinat n’a jamais exercé le moindre attrait sur moi. Voir des filles plutôt maigres jouer les porte-manteaux ambulants m’a toujours paru quelque peu grotesque. Sans doute cela tient-il à leur déambulation car à l’évidence les malheureuses marchent d’une manière si ridicule – les images de face sont à cet égard impitoyables – que cela en devient gênant. Pour moi du moins, car d’autres semblent apprécier. Certains semblent même baver d’admiration devant des corps pourtant décevants car le plus souvent osseux de la tête aux pieds. Même Adriana Karembeu, avec qui j’ai déjeuné un jour lors d’une avant-première de film, est absolument quelconque dès qu’elle n’est plus mise en valeur par le talent d’une maquilleuse et par les projecteurs d’un metteur en scène. Cela dit, je tiens à vous rassurer : même maigrichonne, vous gardez infiniment plus de sex-appeal qu’une Alliot-Marie lourdement handicapée par sa démarche d’Obersturmführer de l’Afrika Korps.

Bref, je vous ai découverte lors de vos débuts musicaux. Et je vous ai trouvé d’emblée sympathique. À défaut de vous trouver talentueuse. Car du côté musical, c’est, pardonnez-moi de vous le dire avec une telle franchise, un véritable désastre : des mélodies mièvres, des paroles indigentes et, pire que tout, une voix qui est à l’art vocal ce qu’est la Vache qui Rit à un munster fermier. Par chance, vous n’avez pas, lors de votre récent voyage en Espagne, tenté de vous mesurer à la soprano Sonsoles Espinosa, l’épouse de José-Luis « Bambi » Zapatero ! Pas de gaffe de ce côté-là. J’ai en revanche été surpris de vous voir claquer la bise à la reine d’Espagne comme à une bonne copine du Fouquet’s alors que vous vous étiez fendue d’une révérence pour saluer Mme Windsor, ci-devant reine d’Angleterre. Deux poids, deux mesures. Mais bon, n’étant ni monarchiste ni attaché aux règles protocolaires, je ne vous en tiens pas grief.

Sachez-le, j’apprécie votre sourire. J’ai beau me douter qu’il vous a demandé des années de travail pour avoir l’air crédible, il n’en est pas moins réussi, particulièrement lorsque vous faites le job de Première dame. D’autant plus réussi qu’il semble porteur d’une once d’ironie derrière la façade faussement ingénue dont vous parez votre visage en toutes circonstances. Du grand art ! Peut-être souriez-vous in petto d’être là, aux premières loges de cette grande comédie humaine. À moins que cela ne soit dû à la photographie officielle qui montrera, avant retouches, votre époux dressé sur ses ergots. À ce sujet, je ne saurais trop vous remercier de porter en toutes circonstances des ballerines aux semelles ultraplates. Ce n’est, hélas, pas suffisant : Nicolas reste désespérément à l’étage du dessous. Mais tout n’est peut-être pas perdu pour l’avenir : vous qui avez fréquenté la crème du rock, suggérez-lui de se coiffer à la Jimi Hendrix, il gagnera vingt bons centimètres !

Évidemment, ce type de coiffure pourrait devenir un handicap pour Nicolas s’il prend lui-même la caisse à outils pour s’occuper des évacuations d’eaux usées du Cap Nègre. Ne riez pas, il en est capable, lui qui occupe déjà toutes les fonctions exécutives et a promis de s’investir personnellement dans le problème de la surcharge du RER A, en attendant sans doute le curage des canaux de Lorraine. Quel abattage ! Vous n’avez décidément pas fini de lui lancer d’un ton suave « Bon courage, mon chouchou ! » Là, il faut reconnaître que vous avez fait très fort, Nicolas et vous, en mettant en ligne ce morceau d’anthologie au glamour consternant, tout juste digne des magazines de caniveau que sont Gala et Voici. C’est bien simple, je ne sais même pas comment mes voisins se nomment dans l’intimité, pas plus que je ne l’ai su de mes collègues lorsque j’étais en activité. Cela s’appelle de la pudeur, mais il semble que vous en soyez, l’une comme l’autre, totalement dépourvus. Encore que l’on ne sache pas de quel qualificatif, autre que Carlita, votre époux vous gratifie dans l’intimité : est-ce Mamour, Ma belette, Ma douce, Mon lapin, Mon sucre d’orge ? Sans doute cela fera-t-il l’objet d’un prochain film. Eu égard à la dignité de la fonction présidentielle, permettez-moi de vous le dire, c’est tout bonnement affligeant !

Un autre sujet me turlupine, je ne vous le cache pas : votre éventuel achat avec Nicolas du luxueux appartement d’Yves Saint-Laurent rue de Babylone. Je comprends que votre époux puisse ne pas apprécier outre mesure de vivre à l’Élysée et qu’il soit fatigué, lorsqu’il n’est pas aux commandes pour sauver la planète, de rentrer tous les soirs derrière les grilles de la villa Montmorency – alias la Cité Interdite – où il est si difficile de déployer les habituelles cohortes de policiers et de tireurs d’élite qui s’attachent à ses basques. La faute à des voisins peu complaisants et difficiles à contrarier : Bolloré, Lagardère, Afflelou, Roverato (le pédégé d’Eiffage), sans compter les stars du show-biz telles Sylvie Vartan ou la promotrice de godemichés Mylène Farmer. De là à lorgner, pour la modique somme de 10 millions d’euros, sur les 700 m² du pied à terre de Saint-Laurent, il y a un fossé à franchir. Car ne vous y trompez pas, Carla, une telle acquisition ne manquerait pas d’écorner l’image de gauche que vous avez réussi à vous forger dans les cocktails en trinquant ouvertement, coupe de Dom Pérignon en main, avec les ouvriers de la cause socialiste que sont Jack Lang ou Dominique Strauss-Kahn. Avouez qu’il serait dommage de casser une si belle image de militante au service des classes populaires…

Je ne voudrais toutefois pas abuser de votre temps. Sans doute avez-vous aujourd’hui des actions de terrain à accomplir. Il est vrai que les temps sont durs pour tout le monde. C’est pourquoi j’applaudis des deux mains à vos emplettes solidaires dans les entreprises menacées que sont Sonia Rykiel, Fauchon, Dior, Hédiard ou Guerlain. C’est très beau de votre part, et cela démontre à ceux qui pourraient en douter que votre mariage avec un admirateur de Reagan et Thatcher n’a pas entamé d’un iota vos convictions de gauche. Encore bravo ! 

Je vous prie d’agréer, chère Carla, les salutations d’un humble citoyen, lui aussi de gauche mais infiniment moins impliqué que vous dans le triomphe des idées de progrès et de partage des richesses.

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