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Le Chenillou
1 juin 2009

N’est pas Papounet qui veut

Sarko_JoggingPar Antidote le 1 juin 2009

Les analystes politiques regardent beaucoup du côté des Alpes ces derniers temps. Et certains d’entre eux, dans un raccourci simpliste, ont trouvé quelques ressemblances entre Il Cavaliere et Nicolas Sarkozy. Selon beaucoup de journalistes, notre Président ne serait que la version française de Silvio Berlusconi. Il ne se différencierait que par le tempérament et, donc, pour respecter l’adage selon lequel “le Français se résumerait à l’état d’Italien de mauvaise humeur“.

Rien n’est plus faux. Sarkozy et Berlusconi, c’est compètement différent et à tout point de vue. Certes, le Président français a copié quelques méthodes managériales de Sue Emittenza comme le fait de recruter ses ministres en fonction de leurs seules compétences télégéniques. Mais convenons que nos deux pays ne sont pas les seuls à suivre ce modèle dans un monde où la télé reste un moyen de propagande majeur.

On nous raconte que Sarkozy s’inspire de la mainmise du Président du Conseil italien sur les médias. Mais cela n’a rien à voir. Berlusconi, la télé, c’est son métier. Il possède plusieurs chaînes. Il les a créées. Face au Transalpin, Nicolas Sarkozy semble juste un “enfant de la télé” plutôt doué qui, notamment grâce à ses fonctions de maire de Show-biz sur seine1, connaît excellemment les rouages du petit écran et tutoie la plupart de ses protagonistes depuis trente ans. En l’occurrence, il est davantage un intrigant qu’un concepteur dans le milieu.

On nous parle de son image dans le pays. Encore là, des lunettes seraient nécessaires aux commentateurs qui scrutent l’Italie. Berlusconi, malgré toutes ses casseroles, bénéficie d’une popularité dans la Botte dont bien des chefs d’Etat ou de gouvernement rêvent, Sarko en tête. Ce dernier, au niveau de Chirac de 1997 ou Mitterrand de 1983, ne peut effectivement pas en dire autant. Un exemple, afin de sortir de la vugarité du thermomètre sondagier ? L’autre jour, alors que Silvio Berlusconi assistait à un match de son équipe2, le stade en entier a repris en chœur “Papounet, Papounet”. Nul doute que, si pour certains, ce slogan était moqueur, pour beaucoup d’autres, il était empreint d’une certaine tendresse. Pendant ce temps, notre Président, lui, ne vient même pas saluer les joueurs lors de la finale de la coupe de France, rompant ainsi avec la tradition, de peur de provoquer une bronca prévisible.

Pourquoi Papounet, au fait ? Il Cavaliere tient ce récent sobriquet des frasques supposées avec une jeune fille dont il a l’âge d’être le grand-père, cette dernière l’ayant surnommé ainsi affectueusement. Cette affaire aurait définitivement convaincu Madame Berlusconi, sa légitime épouse, de mettre fin à leur mariage. Encore une différence de taille avec notre Président : quand sa femme se tire, ce n’est pas pour protester contre son infidélité, mais pour pouvoir se tirer avec un autre. Son éminence n’est pas cornuto. Il fait cornuta. Et dans le paysage machiste de la très latine Italie, c’est beaucoup mieux vu par ses concitoyens et même -excusez du peu- par ses concitoyennes. Nicolas Sarkozy, lors du premier départ de Cécilia, avait déjà tenu à passer pour la victime. Son plan média avait été conçu ainsi. Il a préféré céder au nouveau politiquement correct français, davantage importé du monde anglo-saxon. Cécilia Sarkozy, elle, avait fait savoir que sa fidélité à lui n’était pas non plus très exemplaire. S’il avait, au contraire, assumé la tradition latine française, il n’aurait pas cherché ce statut victimaire et il aurait plutôt, à l’instar de Silvio, assumé ses frasques.

La Tradition3, justement : voila une encore une différence, sans doute la plus importante à mon sens, entre Silvio et Nicolas. Berlusconi est terriblement italien. Il chante pour plaire aux dames4. Il cuisine, il recrute Van Basten ou Kaka. Notre président, lui, a fait profession de rupture. Il ne boit que de l’eau5 et, comble de l’horreur, fait du jogging, comme n’importe quel président américain, vêtu d’un maillot de la police de New-York. C’est sans doute aussi pour cette raison que le parti de Berlusconi dépassera les 40 % dimanche prochain alors que l’UMP devrait plutôt se situer aux alentours des vingt-cinq.

Non, on ne comprend vraiment pas les comparaisons auxquelles se livrent certaines personnalités -politiques ou médiatiques- de gauche, ce qui les conduit par ailleurs à copier les bêtises de la gauche italienne, aujourd’hui disparue et remplacée par le Centre. A bon entendeur…

  1. Ville des Hauts de Seine, plus connue sous le nom de Neuilly
  2. Encore une différence de taille. Berlusconi a construit un club de football qui est, grâce à lui, connu dans le monde entier. A l’inverse, Nicolas Sarkozy, s’il connaît mieux le foot que ses prédécesseurs, n’est qu’un “amateur” du ballon rond
  3. A laquelle je sacrifie, vous l’aurez compris, en moquant les faits et gestes des nouvelles Cours européennes
  4. Il a même, à son actif, enregistré plusieurs albums de chansons d’amour qui se sont arrachés dans les bacs de l’autre côté des Alpes
  5. “Tous les tyrans sont des buveurs d’eau” faisait justement remarquer Jérôme Leroy, hier, dans un commentaire sur Causeur.fr

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